Comme un cerf au loin


Comme un cerf au loin soupire
Après le courant des eaux,
O Seigneur, je te désire,
Je t'appelle sans repos.
Dans ma soif du Dieu vivant,
Je demande en soupirant:
Viendra-t-il ce jour de grâce,
Où j'irai devant ta face?

 Pour mon pain, pour mon breuvage,
J'ai les larmes de mes yeux.
A plaisir, chacun m'outrage,
Me disant: «Où est ton Dieu?»
Et je songe au temps lointain
Où, joyeux, parmi les miens,
J'avançais, prenant leur tête,
Vers le temple, aux jours de fête!

 Mais faut-il qu'ainsi tu pleures,
O mon cœur, sans réconfort?
Mon espoir en Dieu demeure:
Je veux le louer encor.
Ta colère, Dieu très-haut,
A sur moi roulé ses flots.
Entends-moi quand je te prie!
Se peut-il que tu m'oublies?

 J'ai vécu devant ta face,
Protégé par ton amour;
Et la nuit, je rendais grâce
Pour tous tes bienfaits du jour.
O Seigneur, délivre-moi!
En tout lieu, je pense à toi.
Je t'implore en ma détresse,
Mon rocher, ma forteresse!

 Tu me vois dans ma misère:
Voudras-tu m'abandonner?
Guide-moi par ta lumière,
Montre ta fidélité.
O mon Dieu, mon protecteur,
Conduis-moi vers ce bonheur:
Que mes yeux enfin contemplent
Ta montagne et ton saint temple.

Mais faut-il qu'ainsi tu pleures,
O mon cœur, sans réconfort?
Mon espoir en Dieu demeure,
Je me réjouis encor.
Mon salut, c'est l'Éternel,
Et j'irai vers son autel
Pour chanter, chanter sans cesse
Dans la joie et l'allégresse.